Le concile de Charroux
en 989
tente de
modérer les seigneurs et leurs guerres privées. Se substituant à
l'Etat carolingien, les puissants seigneurs veulent exercer un
pouvoir militaire dans leur domaine et les terres alentours.Ils
réunissent de grandes assemblées autour des reliques sacrées des saints
locaux, des châsses précieuses où sont enfermés les ossements magiques.
Tirées des cryptes, elles sont apportées en plein champ, déchaînant
l'émotion et la ferveur populaires. Manque ici le 16 mai 1027 le synode de TOULOUGES.Pour en savoir plus sur le synode de 1027 sur la trève de Dieu de TOULOUGESVers 1040, les partisans de la Paix font un pas de plus, en systématisant une mesure qu'ils avaient déjà esquissée en 1022-1023 : la mise " hors violence " non plus de certains espaces, ou de certaines personnes, mais de certains temps, plus exactement de ces périodes saintes consacrées à la célébration annuelle des grandes fêtes religieuses. Cette alliance objective ne va pas sans tiraillements. A Allant à la rencontre du sentiment des populations qui d'elles-mêmes cherchaient refuge près des églises, les moines multiplièrent les enclos sacrés balisés par des croix - qualifiés de "sauvetés" dans la France méridionale ou d' "aîtres" en France. Aux laïcs et surtout aux chevaliers, elle demande de s'abstenir de ce qui leur fait le plus plaisir : la guerre.L'objectif du mouvement de paix se déplace dès lors. Ce n'est plus un pacte social mais un pacte avec Dieu, destiné à faire reculer le péché dans le monde par un renforcement des pratiques pénitentielles. Tel est le sens de la Trêve de Dieu, qui trouve sa codification définitive aux conciles d'Arles (1037-1041). Désormais il est interdit aux seigneurs de guerroyer du mercredi soir au lundi matin, comme il était strictement défendu aux clercs d'acheter des dignités ecclésiastiques à prix d'argent et d'avoir des relations sexuelles. Ni chez les premiers ni chez les seconds ces interdits nouveaux ne furent complètement respectés. A force de menaces, de processions de corps saints et de sanctions canoniques - la privation de sépulture chrétienne était la porte de l'Enfer -, ils parvinrent tant bien que mal à vaincre les résistances et à faire régner autour d'eux le minimum de tranquillité et de sécurité dont la société avait besoin pour vivre. D'après Robert Fossier, L'éveil de l'Europe, 950-1250, Armand Colin Les commentaires et la photo sont de René Scamaroni, Président de l'ASCT - Mai 2002 -. |